Boubacar Traoré

Mars 2010: Boubacar Traoré au New Morning
Dans les années soixante, les maliens se réveillaient chaque matin au son de sa voix mélancolique à la radio qui chantait l'indépendance. Kar Kar, on l'appelait "blouson noir" et chaque malien de sa génération se rappelle avoir dansé sur ses tubes "Mali Twist" et "Kayeba" dans lesquels il incitait ses compatriotes à revenir et construire le pays.

II était le Chuck Berry, l'Elvis Presley malien, mais sa musique étant uniquement diffusée par la radio, Il n'avait pas d'argent en poche pour acheter des cigarettes. Il travaillait comme tailleur, commerçant et agent agricole, tout en entraînant des orchestres le soir et en chantant pour ses intimes.

Quand, en 1987, la télévision l'invite enfin en studio, les maliens n'en reviennent pas, tout le monde le croyait disparu. Deux ans plus tard, un drame le frappe, Pierrette, sa femme aimée qu'il chante dans ses plus douces chansons, meurt. Désorienté, le coeur lourd, Il part en France pour travailler. Les week-ends Il chante dans les foyers.

Sa carrière prend un nouvel élan Londres le découvre, il y enregistre deux disques, "Mariama" et "Kar Kar" Il donne des concerts en Angleterre
, en Suisse, au Canada et aux Etats-Unis. Le studio Bogolan à Bamako, à l'initiative de la "Revue Noire", produit son troisième disque "les enfants de Pierrette", avec la participation des grands de la musique malienne comme Ali Farka Touré, Toumani Diabaté et Kélétigui Diabaté.

Après une absence de vingt ans de la scène, Boubacar Traoré a ressuscité des cendres de sa propre vie. C'est tellement peu évident qu'il chante encore, et pourtant il est là comme s'il n'avait jamais rien fait d'autre.
http://www.myspace.com/boubacartraore